Background d'Aurâh:
Une frele silhouette dans la nuit sombre, taille corsetée, chignon en bataille souillé de longues mèches noires sauvageonnes, il pleut et la robe de la jeune femme effleure les pavés. Elle tente de remettre ses idées en place, son cerveau est embrumé par l'alcool et par le tout recent plaisir qu'elle vient de prendre dans les bras de ce jeune ephèbe de passage. L'eclat de la lune se reflete sur le sceau qu'elle porte au majeur, le sceau de sa famille, une famille qu'elle hait du plus profond d'elle meme, une famille bourgeoise pourrie de principes retrogrades, une famille ou elle etouffe. C'est pour cela qu'elle passe ses nuits a courir la ville, a profiter de bras virils et de bon vin, peu lui importe d'aller en enfer, sa vie y ressemble deja.
Mais ce soir, ses sens ne sont pas comblés, elle en veut plus toujours plus, elle veut etre ivre de la vie, elle veut s'abandonner et s'oublier dans les meandres de sa chere décadence. Les hommes ne sont plus la hauteur, le vin n'est plus assez bon, la vie perd de sa saveur.
Un homme passe au loin, carrure massive enveloppée dans une longue cape couleur de sang. Sa demarche est assurée, son port royal. Fascinée par cette silhouette, elle sent en elle ce desir qu'elle connait bien, ce desir de posséssion. Elle le possedera lui et nul autre. Ce soir. Quoiqu'il arrive. L'homme s'immobilise, elle ne peut voir que son dos mais ressent cette aura qui l'enveloppe, elle le veut, elle veut entrer dans cette aura, dans cette puissance, dans ce desir qu'elle n'a plus connu depuis longtemps. Pressant le pas pour arriver a son niveau, elle se sent submergée. Sans un mot, elle entraine l'homme sous le pont qui traverse le fleuve, elle a envie de ce corps. Il se debat, tente de lui expliquer qu'il ne veut pas, qu'il ne peut pas, mais elle veut et elle aura. Elle connait les gestes de l'amour, elle sait comment rendre fou un homme. Il resiste, elle insiste. Il se debat, elle se bat.
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Son corps en sueur blottit contre celui de l'homme, elle regarde le bijou qu'il porte autour du coup et qui scintille en ce soir de pleine lune.
Une croix.
Cet homme est prêtre.
Son plaisir n'en devient que plus grand, elle a été au bout de sa decadence et de son vice, elle a perverti un homme d'église. L'homme revient a lui, et elle lit la peur dans ses yeux, les remords, les regrets...et la haine.
Une seule phrase avant de le voir disparaitre dans l'obscurité :
"Je te maudis trainée !"
Elle rit. Ses sens sont comblés. Elle a ce qu'elle voulait. Elle rajuste sa tenue et part dans la ruelle qui mène au domaine de sa famille, comblée et insouciante.
Un coup violent dans son dos. Le froid, puis la chaleur. La douleur intense qui parcourt sa colonne vertébrale. Une lame qui se retire de sa chair. Un vertige. Le noir.
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Elle ouvre les yeux. Elle sent son corps de façon differente, elle ne reconnait plus ses sens, elle ne sait plus les gerer comme avant. Elle est allongée sur du satin pourpre et voit les voutes au dessus d'elle. Son cercueil, la chapelle du domaine. Enfin elle comprend, elle est morte et pourtant elle sent une force en elle qu'elle n'a jamais connue, une haine qui la devore. Elle regarde ses mains et voit la paleur d'une peau fletrie et repense a cette phrase "Je te maudis trainée !". Elle ne sait pas quoi croire, ne sait quoi penser, mais elle vit, elle ne respire plus, ne ressent plus aucun besoin mais elle vit.
S'extirpant de cette boite funèbre, elle se remet sur pied, avant de prendre la fuite. A quoi ressemblera sa vie desormais ?