- Il m'en convient Monsieur, mais je me dois de vous prevenir !
Enveloppée dans une grande cape noire, le visage couvert d'un masque de plumes sombres, la jeune femme jubile de plaisir en voyant la foule rassemblée devant les planches installées sur le parvis de la ville.
*10 ans auparavant*- Ze dois vous préviendre que z'sais pô si z'peux vous dire z'que z'sais !
Une enfant debout sur la table d'une fermette isolée dans la campagne s'agite et déclame vers et poémes. Tantôt sourcils froncés, tantôt tout sourire, la petite fille s'enroule dans un linge et continue de plus belle son petit spectacle avant de s'incliner dans une dernière revérence sous les applaudissements de ses frères et soeurs hilares. Une grande femme mince enlace la petite brune et lui chuchote :
- Au lit l'artiste ! Et dors vite !
- Tu verras M'man, un zour z'serai sur une grande scène, et tout le monde y pourra viendre me n'applaudir !
*6 ans plus tard*Ebahie devant le spectacle d'une troupe de bohémiens qui sillonent la région, emportée par le flot de mots, ennivrée par le jeu des acteurs, une jeune fille affiche un large sourire. La place du village est transformée, jamais elle n'a vu une chose pareille. Les habitants sont heureux, la joie se lit sur leur visages, les femmes rient en voyant les acteurs deambuler sur les planches, les hommes sourient à la vue des situations coquaces qu'improvisent les comédiens. A cet instant, elle sait ce que sera sa vie.
* *
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La nuit est noire, le village endormi, tout comme le campement des bohémiens. Son baluchon sur le dos la jeune brune se faufile entre les caravanes, cherchant du regard ce qui sera son transport pour la gloire. La charette des decors ! Soulevant les lourds tissus de velours, elle se glisse entre un arbre peint sur un planche et une vieille chaise puis laisse retomber le linge sombre sur elle. Personne ne la trouvera ici.
* *
*
La charette bouge de plus en plus, troublant le sommeil de l'intruse. Tendant l'oreille, elle percoit le bourhaha familier d'un village, les bohémiens arrivent dans une nouvelle région ! La caravane s'arrete.
- Pablo ! Detache les chevaux, on s'met la !
Sous le poids des decors, et n'ayant plus les chevaux pour la maintenir en place, la charette vacille et finit par plonger en arrière, libérant ainsi dans une arrivée plus que remarquée la jeune fille qui se retrouve projetée en roulé-boulé sur les pavés de la place.
- Eh bah dis donc, voyez vous ce qu'on a la !
- Un beau morceau de fille ca !
- Comment tu t'appelles ma belle ?
- Non non on veut pas savoir, lui demande pas ! Eheh moi je sais comment elle s'appelle : Ecchymose ! Haha !
- Ah oui tiens, pas trop mal Ecchy ?
Ecchymose. Ce surnom lui plait plutot bien. Non. Son nom de scène desormais.
- Je veux jouer avec vous ! Je veux monter sur les planches ! Vous verrez, je ne vous deceverais pas ! ...je peux aussi faire du rangement en attendant que vous ayez un role de libre sinon hein...
Et c'est ainsi que desormais Ecchymose s'epanouit. Femme. Mais comédienne avant tout. Revetissant tous les visages, jouant avec precision chaque role. Sillonant le pays. Comblée par les applaudissements.
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Stormwind, enfin Stormwind ! Enfin elle va pouvoir devoiler ses talents a la terre entière... Enfin à la population de la plus grande ville existant a sa connaissance en tout cas.
Le convoi de caravane s'apprete a passer les portes de la ville alors que des gardes a cheval deboulent au galop pour les encercler.
- Decret de l'archeveque ! Dehors Bohémiens, vous n'avez pas le droit d'entrer ici ! Vous apportez peste et debauche ! Dehors !
Ecchymose descend de sa monture et affronte fièrement le chef de la garde.
- Nous venons pour jouer mon ami, vous offrir joie et bonheur grace a nos spectacles, vous ne pouvez nous mettre dehors ainsi ! Nous ne sommes ni peste, ni debauche !
- Regardez moi ca, des bohémiens honnetes... Embarquez les ! Au cachot la vermine !
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Pieds et poings liés, la jeune femme est allongée au sol. Enfermée dans un cachot puant grouillant de rats. La porte de la géôle s'ouvre dans un grincement lugubre alors qu'un garde fait son entrée.
- Ca va être ta fête ma jolie !
Les grosses mains répugantes de l'homme se baladent sur son corps alors qu'elle tente de se defendre dans un dernier sursaut d'energie. Elle voit cette enorme main grasse s'approcher de son cou. Serrer. Serrer encore et toujours. Toujours plus fort.
* *
*
-Eh bah dites moi, ils vous ont pas ratés hein !
Ecchymose ouvre les yeux. Des egouts. Un homme au visage emacié. Un mort !
- Eh ouais, maintenant on ne meurt plus vraiment ma belle, on renait, va falloir t'y faire ! Bienvenue a Undercity !
La main de l'homme se pose delicatement sur son epaule, elle retient un frisson et se degage violement de cette etreinte. Plus jamais elle ne veut sentir les mains d'un homme sur son corps, meme defunt. Une jeune fille au regard triste s'approche.
- Ah, à toi aussi ca t'es arrivé... Je sais ce que c'est. Viens a deux, on sera plus fortes.
- Mais....
- Elyj, moi c'est Elyj, voleuse pour vous servir !
- Euh... Ecchymose...
- Bienvenue chez les morts Ecchymose ! dit-elle deposant un doux baiser sur ses lèvres.